En fait cela ne s'est pas tout à fait passé comme ça. La première étape à franchir a été de trouver une méthode pour réaliser les côtes creuses cintrées en 2 dimensions.
Au moins une dizaine d'idées me sont passées, pour finalement me décider à réaliser un moule en 2 parties "mâle et femelle" pouvant me servir de presse.
Doutant de la possibilité d'utiliser seule cette presse, j'avais approvisionné un tuyau de diamètre 60mm en zinc (faute d'avoir trouvé du cuivre).
En chauffant par l'intérieur avec une lampe à souder, je pouvais déjà pré-arrondir une cote dans le sens transversal. Mais pour la suite, même en mouillant à fond,
ma presse était inutilisable.
Essai de cotes
Alors je me suis lancé à "jouer le grand jeu": positionner un échantillon de côte dans la presse, sans serrer les vis; tremper à fond le moule et l'échantillon;
puis mettre au four de cuisine, température environ 250°C
Au bout de 10 mn env serrer les vis à moitié et re-mouiller; continuer 2ou 3 fois l'opération jusqu'au serrage complet. Au total 20 à 30mn, retirer l'ensemble
et laisser refroidir an mettant l'ensemble sous presse dans l'étau...
Essayant avec des feuilles de différents bois que j'avais sous la main: érable, ébène, palissandre, j'ai pu constater que la méthode était praticable, à condition d'utiliser une épaisseur de 15/10 mm.
Plus fin ou plus épais le risque d'éclatement est réel.
Au fait, quel peut bien être l'avantage d'un dos en cotes creuses ?
Cette question semble ne jamais avoir été abordée. Alors je me lance à avancer deux raisons:
- La première serait "technique". Prenez par une extrémité une bande de papier. Celle-ci n'a aucune rigidité. La bande s'incline devant vos doigts. On peut la tordre en tous sens.
Courber la bande dans le sens transversal pour faire un demi cylindre. Le papier ne tombe plus; il a gagné énormément en rigidité.
Une cote de bois de faible épaisseur cintrée en deux directions (c'est en fait un profil torique) est ainsi considérablement plus rigide.
Il est donc possible de construire un fond d'instrument d'assez grande surface avec des cotes de faible épaisseur. Ce qui procure solidité, économie de bois et légèreté.
- La seconde raison est de se souvenir qu'au milieu du XVI° siècle les Violeros cherchaient une certaine perfection en fabriquant leurs instruments
comme des chefs d'oeuvre pour montrer leur habileté.
Cette étape déterminante étant franchie, il restait à choisir le bois et trouver un fournisseur. Je voulais une essence originale. Le Cocobolo utilisé dans les modèles fabuleux
d'Alexandre Batov, avait ma préférence.
J'ai trouvé la maison
"Les Fils de J.George" à Bagnolet spécialisée en bois de placage scié. Un nombre incroyable d'essences est proposé.
Je recommande ce fournisseur bien que pas particulièrement orienté lutherie car ses feuilles de placage ont toutes une épaisseur de 15/10.
Si vous en avez l'occasion visitez ses ateliers, son stock et ses machines à scier.
On se croirait un bon siècle en arrière. Mais ses bois ont peut-être le même âge.
Bref j'y ai trouvé une feuille de Cocobolo et une autre de palissandre des Indes pour faire les éclisses. J'ai été surpris par la couleur abricot du Cocobolo, alors que je m'attendais à une couleur plus sombre.
Mais par la suite je n'ai pas regretté.
La feuille de Palissandre bien que d'épaisseur 15/10mm était superbe et très rigide.
Maintenant "il n'y avait plus qu'à..."
- Choisir et réaliser une rose,
- Construire la caisse,
- Tailler le manche et le cheviller,
- Définir et réaliser les inserts, en évitant les surcharges
- Assembler la table,
- Tailler le chevalet,
- Coller le tout,
- Tourner les 12 chevilles,
- Vernir,
- Monter les cordes.
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